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2017-06-05T22:58:24+02:00

Shimon et Léa chapitre 4 et fin

Publié par Junes Davis-Cohen
Pendant les 6 derniers mois, j’avais été tous les chabbat chez mon Rabbin passer le plus de temps possible à ses côtés pour m’instruire. J’avais pu constater que depuis qu’il était entré dans ma vie, il avait une influence très postive sur moi. Entre temps, j’avais obtenu mon BAC et avais réussi à maintenir des rapports harmonieux avec mes parents. Et puis, j’avais une petite amie…si on peut appeler ça comme ça.
Ma relation amitié/amoureuse que j’entretenais avec Léa me rongeait de l’intérieur. Bien qu’à la base je m’étais juré de ne jamais la rejoindre le vendredi soir, dès la deuxième semaine, j’avais flanché! Non pas parce que j’étais amoureux, mais pour une raison que je ne comprenais pas, je voulais la protéger. Suite à nos différentes discussions, j’avais compris qu’elle avait besoin de moi et je m’efforcais à prendre soin d’elle. Pas sûr que son père comprendrait ma démarche si un jour il nous trouvait enlacés. Chaque fois que Léa et moi passions la nuit ensemble, le lendemain je me devais de faire ma prière avec toujours plus de ferveur que la fois précédente car je n’étais pas fier de nous…de moi! J’avais beaucoup d’affection pour elle, mais nous avions clairement des façons trop différentes de penser, de s’exprimer. À vrai dire, nous n’avions rien en commun, si ce n’est l’amour que j’avais pour son père, et l’amour qu’elle avait pour moi. Car oui, j'aimais rav un peu comme mon père.

Chaque fois que j’étais en présence de Ruth et lui, ils ne cessaient de me répéter que je faisais partie de leur famille et à chaque fois, je préférais regarder mes pieds plutôt que d’affronter les sentiments si sincères qu’ils avaient envers moi.

C’est pour ça que lorsque Elnathan m’a proposé de me joindre à la bar mitsva de son neveu, je n’ai pas pu dire non… même si la suite de mon histoire va me prouver qu’il aurait mieux vallu que je m’abstienne. En arrivant à cette soirée, je réalisais que c’était la première fois que j’allais voir Léa à l’exterieur de chez elle. Quel couple étrange nous formions? Sommes-nous seulement un couple? Pour elle, il était clair que oui mais pour moi...pas du tout. J’ai eu un choc quand j’ai vu que les hommes et les femmes étaient séparés non seulement pour danser mais aussi pour manger.

Au bout d’une demi heure, j’allais me fumer une clope sur le péron. Ce que je n’avais pas vu c’est que Léa m’avait suivi. Par surprise, elle était venue me rejoindre et avait mis ses mains sur mes yeux en me disant: – Salut! Tellement peureux que l’on nous voit ensemble, je l’avais repoussé avec plus de brutalité que je ne l’aurai voulu. En plus, Léa était venue accompagner d’une amie qu’elle avait mis dans la confidence pour nous deux.

Putain! «C’est quoi ce canon?» fût mes premières pensées. Même habillée comme un sac, elle était vraiment jolie. J’ai du interompre mon relucage car Léa me faisait de grands signes:

– Houhou Jordan, t’es avec moi? Alors tu ne dis pas bonjour à ta fiancée?

Ta fiancée, non mais je rêve ou quoi? Elle est dingue! Le mieux c’est que je fasse comme si je n’avais rien entendu.

– Hé Lea salut, ça va? Super fête!

Nous bavardions quelques instants et elle me presenta son amie Perla. La voir comme ça hors contexte, me destabilisait pas mal. Pire que ça, j’assumais pas du tout. En plus, qu’elle ait volontairement utilisé le mot “fiancée” m’a fait carrément flippé, j’ai donc agis exactement comme avant, c’est à dire…comme un con. Tout est allé très vite, j’ai provoqué Léa en lui demandant si elle pouvait m’arranger un coup avec sa copine et je me suis mis à la draguer ouvertement devant ses yeux. Putain ce que c’était bon!

C’était comme si je me remettais sur pilote automatique, les vieux réflexes revenaient: draguer, humilier, blesser c’était ce que je savais faire de mieux. Avec le recul, je crois que j’étais arrivé à bout de ma trahison envers Elnathan: me taper sa fille sous son toit!

J’aurai vraiment dû m’y prendre autrement parce que la réaction de la demoiselle était à des kilomètres de ce que j’aurai pu imaginer.

Dès que j’ai dit à Perla qu’elle me faisait penser à mon ex Tiphanie, Léa, jalouse comme pas deux, a pété un cable, mais genre un vrai. Sa copine qui a senti le vent tourné, s’est tirée pour nous laisser seuls.

Ça n’a pas loupé, à la seconde ou la bombassa est partie, ma petite copine m’a hurlé dessus, me disant que j’étais odieux, blessant, méchant, que je lui manquais de respect et qu’elle ne comprenait pas mon attitude car pour un futur mari je n’agissais pas super bien envers elle!

– Ton futur mari? T’as craqué ou quoi? T’es pas nette ma pauvre? Tu crois que c’est parce que je te saute une fois par semaine qu’on va se marier? Je t’aime bien tu vois mais ce qui m’éclate encore plus, c’est de te faire des choses sous la barbe de ton père mais de la à me marier, jamais!

Si je l’avais giflée, les choses n’auraient pas pu être pires car ce n’était pas seulememt les horreurs que javais prononcées qui avait figé son visage, mais la présence de son père qui se trouvait juste…derrière moi. Léa a mis la main devant sa bouche et a pointé le doigt vers son père. Je me suis retourné et j’ai senti mon coeur se briser littéralement en mille morceaux. On aurait dit que la terre s’était ouverte sous mes pieds et que je voulais qu’elle se referme sur moi. Je n’avais jamais eu aussi mal de toute ma vie, c’était encore plus dur que lorsque David était mort. J’avais trahis l’homme pour qui j’avais une admiration sans borne. Je voulais m’enfuir, courir, disparaitre mais mes pieds étaient figés dans le sol. Ce n’est que les sanglots de Léa qui m’ont rammené à la réalité de la situation. Je ne pouvais pas dire un mot car j’avais peur d’enfoncer mon cas. C’est Elnahtan qui a brisé ce silence lourd en émotion en appelant sa fille:

– Ma fille, ma petite fille, viens dans mes bras?

– Non papa je ne préfère pas.

– Ma douce Léa, viens je t’en prie, nous avons besoin de parler.

– Non papa laisse moi, ne me regarde pas!

Moi au milieu de cet échange père-fille, j’eu la nausée parce que j’étais devenu transparent. J’aurai préféré qu’Elnathan me mette un coup de poing dans le nez, me pousse, me crie, mais non il ne s’interressait qu’à Léa.

– Ma tsaylaé, mon petit sucre, tout va bien ma petite fille. Je veux que tu saches que je t’aime même après ce que j’ai entendu. Viens nous allons parler.

– NON PAPA JE NE VEUX PAS TE PARLER! JE VEUX QUE TU SACHES QUE SI J’AI ETE AVEC JORDAN C’EST PARCE QUE JE VOULAIS QUE TOI ET MAMAN VOUS ME REMARQUIEZ. JE SAIS QUE JE NE SUIS PAS AUSSI INTERRESSANTE QUE LES PROBLEMES DE LA SYNA, MAIS JE SUIS BIEN LÀ! J’EXISTE MOI AUSSI!

Elle hurlait et pleurait tellement fort que la moitié des convives étaient venus voir ce qui se passer. Moi, j’étais toujours comme une satut. J’observais la scène en simple temoin. Je fixais mon Rav pour au moins qu’il me regarde mais seule sa fille comptait. Au bout de quelques secondes, au moment où je pensais que mon tour était arrivé, il marcha droit vers sa fille en me passant devant comme un fantôme. Il la pris dans ses bras et lui demanda pardon en sanglotant. Il la serra fort en lui disant qu’il allait faire des efforts. De sa voix étouffée par les larmes, il lui caressa les cheveux et lui dit que seul Akadoche Barouhou sonde le coeur et les âmes purs et qu’à ses yeux, sa petite fille était toujours pure. Peu importe ce qu’elle avait fait et avec qui, elle serait toujours et à jamais son petit sucre. Devant tant d’amour paternel, je ne m’étais jamais senti aussi misérable…et seul. Du coup, je fis la seule chose que je savais faire: FUIR!

Elnathan ne m’a pas rattrapé, d’ailleurs aucun invité n’a fait attention à moi quand je suis parti en courant en laissant cette scène derrière moi.

Après avoir couru plus de 4 kilomètres sans m’arrêter jusqu’à la maison, à peine arrivé, je m’étais rué sur mon livre de prières. J’avais choisi totalement au hazard une page. J’avais revêti mon Talit/mon châle et je m’étais enroulé dedans...pour me mettre à pleurer à mon tour, pendant des heures sans plus aucune notion du temps.

Est-ce que je pleurais à l’idée de ne plus jamais revoir mon Rabbin? Est ce que je pleurais car j’avais été un parfait salaud avec Léa et toutes celles d’avant? Est ce que je pleurais parce que j’avais peur qu’Achem sonde mon coeur et voit à quel point il était noir?…

Ce n’est qu’au petit matin, quand mes parents m’ont trouvé endormi à même le sol d’épuisement entouré de mon châle que j’ai vu combien ils tenaient à moi. Ils m’ont supplié de leur confier pourquoi je m’étais mis dans cet état mais je n’avais pas la force de leur expliquer ce qui s’était passé. Je les avais simplement pris dans mes bras, en leur expliquant que cette nuit m’avait permis de prendre la décision la plus radicale que je n’avais jamais prise:

– Papa, Maman, j’ai décidé de partir en Israël, à Jérusalem, pour rentrer en Yéchiva.

– En quoi?

– En Yéchiva Papa. C’est un endroit où l’on étudie la Thora toute la journée.

– C’est encore ce satané Rabbin qui t’a mis ces idées stupides dans la tête! Comment vas-tu vivre mon fils? Il faut penser à ton avenir, avoir un bon métier! Je vais appeler Elnathan et lui dire deux mots et crois moi il va m’entendre! Depuis la mort de David, je ne me suis pas mêler, je t’ai laissé gérer ton deuil comme tu l’entendais mais là c’est trop! Ça suffit ces bétises!

– Papa, ma décision n’a rien à voir avec Elnathan et après ce qui s’est passé hier soir, Elnathan et moi ne ne serons plus jamais en contact.

– Que s’est il passé? Pas plus tard que le week-end dernier tu étais chez lui et tout allait bien!

– Ca n’a pas d’importance. Maintenant je vais faire ce que j’ai prévu et partir étudier la Thora quoi que vous en pensiez.

Et cela ne leur avait pas plu, pas plu du tout mais je savais que mon avenir était las bas. J’en avais besoin pour aller vers le chemin de ma techouva, la vraie! J’étais parti deux semaines après le «Léaget » comme je l’avais nommé. J’avais manqué cruellement de courage envers celui qui m’avait apporté bien plus que mon propre père! Je m’étais promis malgré tout de lui envoyer une lettre d’explications et d’excuses quand je serai prêt et loin…

Un an plus tard...

Je suis assis sur un banc en face du King David. J’arrache l’enveloppe pour lire la réponse de celle avec qui j’entretenais une correspondance depuis plus de 3 mois: Léa. 

Oui, je sais c’est bizarre mais juste avant que je prenne l’avion qui allait m’emmener à Tel-Aviv, j’avais rédigé trois lettres, une pour Elnathan, une autre pour sa femme et une derniere pour sa fille mais ils ne les avaient lues que des semaines plus tard. J’ai appris qu’au retour de la fameuse Bar Mitsva, Ruth et Elnathan ont laché pendant 3 semaines leurs activités communautaires pour organiser un voyage d’un mois à New York rien qu’avec leur fille. Les garçons avaient été gardés chez la soeur de Ruth. Et depuis, leurs rapports n’ont jamais été aussi harmonieux. Léa avait repris contact pour m’annoncer qu’elle me remerciait et qu’elle ne m’en voulait pas. Depuis, elle me donnait régulièrememt de ses nouvelles et m’annoncait ce matin qu’elle allait se marier avec un homme très bien qu’elle avait choisi. Elle m’avait noté en bas de page que son père me faisait part de ses amitiés. J’appris plus tard que c’était grâce à la recommendation d’Elnathan que j’ai pu très vite être pris dans l’une des plus grandes yechivot de Jérusalem. Combien j’aimais ce type et combien je voulais lui ressembler. 

J’avais vite plié ma correspondance parce que je devais rejoindre mes amis de la yechiva qui avait organisé une sortie dans le nord avec un groupe de filles du séminaire d’à côté. Depuis les 12 derniers mois, j’avais fermé le dossier gonzesses parce que je me disais que j’étais dans une phase ou j’étais encore trop ancré dans mon monde de non-pratiquant par ma culture et de l’autre, celui de la Thora. Du coup il m’était impensable que je trouve une fille comme moi, sauf que….

Une fille assise près de son amie écoutait d’une oreille ce qu’elle lui racontait et de l’autre elle écoutait à l’aide d’une oreillette une chanson dont je reconnaissais l’air puisque c’était ma préferée «It’s my life» de Bon Jovie. Je souriais et fredonnais seul dans mon coin. Ce n’est qu’au cours de l’excursion, prés du bord du lac de Tiberiade qu’après la mauvaise blague d’un copain, j’avais du enlever près des toilettes public mon tee-shirt pour le changer car il était trempé. La jolie fan de Bon Jovie passait juste à ce moment là, m’a regardé, m’a souris et a vite détourné les yeux:

Une fois de retour dans le bus, la même fille s’est présentée à moi: 

– Hello, moi c’est Rivka anciennement Jessica, je t’ai vu tout à l’heure. Ça va? 

Je décidais de me présenter à mon tour: 

– Salut moi c’est Shimon anciennement Jordan! Alors Rivka qu’est ce tu fais de beau dans la vie? 

– Je suis un programme pour devenir prof de Kodèche et je suis en même temps une formation pour intégrer les enfants autistes. Au passage, j’adore ton tatouage avec le petit clin d’oeil de belle gosse.

Oh non! Elle a vu ma maguen David! C’est mort! Elle ne voudra plus jamais me revoir. Quel dommage, elle a l’air tellement sympa. 

– Bon bah enchanté de t’avoir rencontrée. A plus! 

Et là, elle relèva un tout petit peu son poignet pour me montrer son….son tatouage! 

– Ancienne vie, ancienne époque, j’ai rendez-vous lundi pour me le faire enlever. 

Je souriais plus que de raison car je savais que j’allais accompagner Rivka à ce rendez-vous et surtout pour le reste de notre vie à tous les deux…

Cette histoire est partiellement tirée d’une histoire vraie. Aujourd’hui Jordan a 37 ans, a écrit 8 livres de Thora et ne compte pas s’arrêter là. Il dirige une Yéchiva qui compte 348 élèves. Des gens de son quartier et de plus loin viennent lui demander conseils pour régler leurs soucis. Rivka et lui prennent soin de leurs 9 enfants et organisent tous les 4 chabbats des excursions familialespour donner la chance à chaque enfant d’exprimer leurs sentiments et d’être à l’écoute de chacun. 

J’ai volontairement utilisé des mots crus lors des premiers chapitres pour tester l’ouverture d’esprit de notre si belle communauté. Je voulais créer un pont entre le milieu religieux et le non religieux en mélangant les deux car avant n’importe quelle pratique de la religion, avant la Thora et avant les mistvot il y a l’histoire de chacun. Avec son bagage, sa personnalité et ses émotions. Selon le phrophète Abakouk, notre degrè de pratique et notre rapport avec Hashem est propre à chacun, peu importe d’où l’on vient puisque nous ne faisons qu’un. AM ISRAEL HAI À JAMAIS

Shimon et Léa chapitre 4 et fin

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