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2017-08-09T01:19:11+02:00

Chapitre 9 : L’heure de vérité a sonné…

Publié par Hanna Gotlieb
Margot
 
Je sors de la pénombre dans laquelle j’étais cachée. Olivier se jette sur moi et plaque sa main sur ma bouche pour me faire taire. Je veux hurler et me débattre mais je ne fais rien car je sens qu’il en va de nos vies à tous les trois. Avec son autre main, il fait signe à mon père de ne pas bouger de là, où il est. Nous retenons tous notre respiration. 
Les policiers restent encore quelques minutes, en donnant des grands coups à la porte : 
– POLICE ! OUVREZ ! OUVREZ IMÉDIATEMENT ! 
Voyant que personne ne répondait, au bout d’un temps interminable, ils se décident à partir. Bien après que tout danger soit écarté, 
nous n’osons ni respirer, ni faire le moindre mouvement. Ce qu’au bout d’un long moment qu’avec force, mon mari m’empoigne le bras et me pousse dans la chambre de mes parents, suivit de près par mon père : 
– Qu’est ce que tu fiches, ici ? Es-tu devenue folle ? Et si quelqu’un t’avait vu ! 
– Quel toupet ! C’est toi qui pose les questions, en plus ! Tu n’es pas plus alcoolique que moi, tout ça c’était de la comédie ! Tu m’as bien prise pour une belle idiote depuis tout ce temps ! Je ne comprends vraiment pas ton petit jeux minable ! 
– Nous voulions simplement te protéger Margot ! dit mon père. 
– Et toi, Hein ? Parlons-en. Tu as bien dû rire quand je te confiais les déboires de mon mariage ! 
– Arrête, ma fille calme-toi. Personne ne s’est moqué de toi. 
– Depuis combien de temps, vous êtes de mèches tous les deux ? 
 
Les deux fuient mon regard et s’obstinent à garder le silence. J’étais prête à rester toute la nuit debout pour obtenir mes réponses. Je n’ai pas eu besoin de le faire, car Olivier prit la parole : 
– Je t’expliquerai l’heure venue. Maintenant, tu rentres à la maison. Tu dors jusqu’à demain et tu vas à l’atelier comme une journée normale. Compris ? 
– Et toi, tu ne viens pas ? 
– Comme si, tu me portais de l’interêt ! 
– Mais oui, parfaitement ! 
– Arrêtons de jouer nos rôles. Soyons francs l’un envers, l’autre, pour une fois, cela nous fera du bien ! Parce que toi, non plus Margot, tu n’as pas été tout à fait honnête avec moi depuis le début ? 
– Je ne vois pas de quoi tu parles ? 
– Menteuse et hypocrite en plus ! Vois-tu ma chère épouse, il n’y a pas que toi, qui t’es mariée par intérêt ! Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je ne suis pas plus amoureux de toi que toi, tu es amoureuse de moi ! 
– Comment as-tu pu…Je suis choquée… non même scandalisée ! 
– Pourquoi ? Tu ne devrais pas, tu as obtenue ce que tu voulais, non ? Je pense avoir été suffisamment généreux ! L’atelier et la marque Colette, c’est grâce à qui ?
– Je pense que j’ai payé de ma personne et d’avoir mérité chaque chose que tu m’as payé !
– Pfff ! Si l’on veut ! Qu’est ce que je devrais dire, je me le demande ! Parce que pour ta gouverne, je suis en couple depuis des années avec une de nos vendeuses, Emma. Mes parents étaient évidement contre notre union alors j’ai accepté de me mettre avec toi pour leur faire plaisir et assurer notre descendance soit-disant bourgeoise. 
Mon D. ! Ses paroles me font l’effet d’une gifle ! Je n’ai jamais été autant humiliée de ma vie : 
– Tu me dégoûtes ! 
– Pas autant que toi, mon petit coeur ! 
– Mais attends, Emma, c’est pas la brune, au cuissot épais ? 
– Elle a un cuissot parfait qui me plait ! Je le préfère de loin au tien, qui est maigre et blanc, mon amour ! Mais attention je ne dis pas que cela ne peut pas plaire à un autre gars que moi ! Cependant l’heure n’est pas à nos enfantillages, il est temps de dire au revoir à ton père…Ruth ! 
 
Et là, je suis bouleversée. Personne ne m’a jamais appelé Ruth ! L’entendre de sa bouche, me rend complètement vulnérable ! Il savait, il savait tout depuis le début. Je n’arrive tout simplement pas à le croire. 
Mon père s’avança et comme s’il avait comprit, me serra fort dans ses bras et me dit que nous serons très bientôt réunis. 
C’est dans un torrent de larmes trop longtemps retenu que je m’accrochais à la veste de papa. À travers mes pleurs, je fixai une photo de maman, lui et moi, d’une époque qui me semblait être particulièrement lointaine…
 
Après avoir dit au revoir à papa. Je rentre chez moi, en solo ! Mon époux devait rester avec mon père pour régler plusieurs détails concernant son voyage précipité. Cette nuit, Olivier a perdu son statut de Duc, à mes yeux, la faute à cette mascarade, qu’il n’a pas cessé de jouer depuis notre rencontre ! 
 
Je reprends le passage secret qui mène à la bibliothèque par lequel je suis passée tout à l’heure. Je décide de prendre une douche pour calmer mes nerfs bien à vifs. Plus, je recase cette histoire, plus je me dis que ce que je suis en train de vivre est de la pure folie. En attendant, ne vivons-nous pas une décennie totalement folle !? 
Tout en me frictionnant le corps de façon très énergique, je repense à mon soi-disant mariage, à mon soit-disant mari et je suis de plus en plus remontée ! Je n’arrive tout simplement pas à croire qu’il s’est servis de moi…autant ! Peut-importe, si moi je l’ai fait de mon côté. Là, n’est pas la question ! 
Il m’a épousé uniquement pour mon statut social et avoir un enfant ! Franchement, pour une belle femme comme moi, c’est très humiliant. Mais, le coup de grâce, c’est quand il m’a confié qu’il n’a jamais été attiré par moi ! Il m’a préféré à cette boulotte-bécasse d’Emma ! Monsieur n’a jamais éprouvé le moindre sentiment amoureux à mon égard ! Jaluzot fils, en aime une autre ! Bon…après tout, moi aussi, j’en aime un autre de tout mon coeur, mais ma démarche est totalement différente puisque ça c’est passé pendant notre union, ce qui est complètement différent ! 
Par dessus la choucroute alsacienne, je découvre que mon époux est en réalité, un genre d’espion d’une société secrète alors que depuis deux ans, il me fait croire que c’est le type le plus misérable du monde, à lécher les bottes des allemands à longueur de journée. Vraiment, tout ceci est trop déstabilisant ! 
 
En prenant ma robe de nuit, je me ravise et me dit que de toute façon, j’ai l’esprit bien trop chargé pour aller me coucher. Le mieux c’est que je m’habille pour aller directement à l’atelier et plonger ma tête dans cette foutue confection d’uniformes. Je me force à penser à autre chose, mais cette énorme coup pour mon égaux que je viens de prendre, m’en empêche. Il me tarde de raconter ceci à Mathieu. Je suis certaine que lui aussi, ne va pas en croire ses oreilles. Mais j’y pense ! Si je mets deux seconde mon orgueil de côté, cette situation m’arrange, plutôt bien, en fait ! Nous, pourrons vivre notre amour sans trop nous cacher. 
 
C’est plongée dans mes pensées que je m’installe à mon bureau quand soudain je me trouve épatante ! Je viens d’apprendre que mon père va prendre le bateau pour les Amériques, que je vais pratiquement pas le revoir avant un moment indéterminé. L’un des plus grand massacre jamais organisé en France depuis la première grande guerre, se prépare, où je risque moi-même de me faire tuer, me voilà en train de ruminer sur des sujets qui n’ont aucunes espèces d’importance face à ce chaos dans lequel le monde se trouve. 
D’un autre côté, si justement, je m’efforce de penser à ce genre de banalités propre à ma petite vie, c’est que quelque part, j’ai décidé de continuer de vivre. Ne dit-on pas : Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ! Et ça, c’est la plus belle revanche à celui qui veut prendre une vie. 
Je me rends compte aussi que c’est la première fois que je m’inclus dans le sort qu’est réservé aux juifs. Si Jaluzot l’a su, d’autres le sauront. 
Et je décide de me faire une promesse : si je sors vivante de cette guerre, je reprendrai mon prénom d’origine.
C’est certain, qu’au début cela va me faire bizarre parce que Margot c’est moi mais si on voit les choses en face est-ce porter ce prénom m’a réussi jusqu’à présent ? 
D’extérieur on pourrait croire : Qui mieux qu’elle ? De l’intérieur, hélas, c’est tout bonnement un désastre. Je médite encore un peu sur cette idée en me répétant Ruth, Ruth, Ruth…. Vient l’heure d’aller retrouver mon amoureux (le vrai) dans le sous-sol du «Café de Troca », je pose mon crayon et emporte mon carnet. 
 
Le café est juste en face de mon lieu de travail, je n’ai plus qu’à traverser la grand boulevard. Toutefois, je ne peux ignorer, les voitures de polices, les camions de pompiers, l’ambulance de la Croix-rouge ( je ne saurai dire pourquoi, j’ai toujours détesté cette organisation. Peut-être leur logo ?) ainsi que la foule de gens qui s’agitent, dans une des rues adjacentes. 
Je regarde l’heure et me dit que j’ai un peu de temps pour aller voir ce qu’il se passe de plus près. Tiens ! C’est curieux, l’attroupement est devant l’immeuble de…de Camille ! Saint-Pierre-De-Guyane ! J’espère qu’il ne lui ai rien arrivé. 
Je m’avance d’avantage vers la foule pour glaner des informations. Je n’ai pas besoin de faire trois mètres pour entendre des affligeantes bribes de conversations : 
– ….une véritable boucherie…
– Il parait que c’est la gouvernante qui l’a trouvé ce matin…
– Aucune de trace de lutte…
– On pense que c’est sa femme qui a fait le coup et qu’a prit les mômes…Dans quel monde on vit, je vous jure !
– ….Comtesse de mes deux, oui ! 
– Une salope reste une salope, riches ou pas !..
– Marcel, surveille ton langage…
– Je te le dit Martine, c’est une garce la Marivaux. Toujours à pas causer quand elle venait chercher son pain…j’espère qu’ils vont la retrouver et lui trancher la gorge…
– Bien dit ! C’est ce que méritent les meurtrières dans son genre ! 
 
Je suis tellement horrifiée par ce que j’entends que je préfère m’éloigner des badauds, avant de devenir moi-même une meurtrière. Je ne crois pas une seconde en la culpabilité de Camille et je compte bien le prouver. Je cours voir Mathieu pour tout lui raconter. Sauf que j’avais sous-estimé, le pouvoir de l’amour. 
 
Dès que je le vois, en bas de l’escalier, dans son costume qui me sourit, j’oublie tout ! Le Duc, mon père, Camille, Ruth, plus n’a d’importance quand vous êtes dans les bras de l’être aimé. 
Avant de nous embrasser éperdument, nous prenons soin de nous mettre dans un coin afin que personne ne nous voit. J’avale ses baisers avec le sentiment que cela peut-être la dernière fois. Je suis complètement avide de lui, de son odeur, de sa peau, de ses lèvres. Je prends tout, je veux tout. Brusquement au-dessus de nous, on entend Monsieur Thomas, le propriétaire des lieux, chercher Mathieu : 
– Je dois y aller ma beauté. Ne t’éloigne pas trop, j’ai beaucoup de chose à te raconter. 
– Moi aussi, si tu savais comme la nuit a été longue. 
– Reviens me voir vers midi, commande au comptoir ton déjeuner et je viendrai te l’amener à l’atelier ainsi nous pourrons parler. Je t’aime ma chérie. Tu es dans toutes mes pensées. 
 
Avec un immense regret je le laisse partir, en lui disant combien je l’aime à mon tour puis il s’éloigne. Très frustrée, de notre entrevue trop courte, je décide de lui faire une surprise, je sors une feuille à dessein de mon carnet et griffonne : 
– Tu l’hommes de ma vie. Mon coeur t’appartient à jamais. 
Et je signe…Ruth. 
 
Je prends bien soin de remonter quelques minutes, après lui. J’attends encore un peu, faisant mine de vouloir commander et dès qu’il passe près de moi, je fais glisser discrètement mon mot dans une de ses poches. Puis, je retourne à l’atelier. 
 
Je garde en tête qu’il faut que je me renseigne sur l’affaire de Camille pour lui venir en aide. Néanmoins, quand j’ouvre la porte, j’ai une drôle de surprise qui m’attend : Je trouve Olivier les jambes allongées tranquillement posées sur ma table à dessein. Heureusement que mes employés ne sont pas encore arrivés, ce qui nous laisse un moment pour avoir une sérieuse conversation : 
– Faut pas te gêner surtout ! 
– Te voilà enfin ! T’étais passé où, ça fait vingt minutes que je suis là.
– J’étais au café d’en face prendre mon petit déjeuner. Comment va mon père ? 
– Il va bien, il est parti ce matin. Bon, nous avons un problème très urgent à régler. 
– Oui, Camille a disparu avec ses enfants ! Tu savais que le Duc Marivaux est…
– Mort assassiné. Oui, je suis au courant. Je sais aussi que Camille est arrivée saine et sauve aux frontières Suisses avec ses mômes, en compagnie du garçon Weil. 
– Comment est ce possible que tu sois au courant de tout ça ? Et puis d’abord qui me prouve que tu ne me racontes pas des mensonges.  
– Serait-on vexée, par hasard ? Grandit un peu, Margot ! Nous sommes en guerre, il est temps ! Si cela t’intéresses, les nouvelles te concernant, sont mauvaises. Mes informateurs m’ont dit que la police française risque de débarquer cette après-midi, pour t’emmener au poste pour un contrôle d’identité. Ce n’est qu’une question d’heures avant que tu n’utilises ton aiguille pour coudre ton étoile jaune sur toutes tes affaires ! Il faut agir et vite ! Je t’ai amener une valise pleine de vêtements. Dans le double fond, tu trouveras un passeport et une carte d’identité avec un nouveau nom. Tu vas …
– Hohoho ! Attend, attend, tu vas trop vite. Comment ça je vais partir ? Je ne pars nul part ! 
Je panique littéralement à l’idée de tout laisser et de ne plus jamais revoir Mathieu. 
– Oh que si, tu vas partir ! Tu prends ton chapeau et tu t’en vas maintenant ! Je dirai à tout le monde que tu es partie dans le sud pour aller chercher du tissus pour les uniformes et les robes que l’on t’a commandés. Là-bas, hélas tu vas te suicider parce que tu ne supportais plus d’avoir un mari alcoolique. Fin de l’histoire. Je te donne trois minutes pour ramasser tes petites affaires et me dire au revoir devant tout le monde sur le trottoir. Ensuite, j’irai au café d’en face jouer les poivrot en demandant du whisky pour noyer mon chagrin d’avoir laisser sa femme partir. Mon chauffeur t’accompagnera au port et tu pars rejoindre ton père. 
– Et si je refuse ? 
– Je te traine par les cheveux ! Tu n’as pas le choix. On y va et ne fais pas d’histoires. Fait ce que je te dis, si tu veux que nous ayons une chance de te sauver la vie !  
Je réfléchis à toute vitesse et je ne vois pas d’autres issues. D’un autre côté, je ne peux pas laisser Mathieu. 
– Dépêchons-nous, mon amour ! 
– Arrête de m’appeler comme ça, c’est agaçant à la fin ! 
– Et toi, tu penses que tu n’es pas la personne la plus agaçante que je connaisse ? Quoi que, ces derniers temps je te trouve différente. Moins pénible, moins sûre de toi ! Est ce du à un amant dans ta vie très chère ? Si c’est le cas dit-moi, qui est-il afin de le remercier convenablement. 
Et là, je me dis que c’est ma dernière chance… Si Olivier n’hésite pas être franc pour quoi ne pas l’être. Je me ravise. Je regarde une dernière fois ce que j’ai bâti. Je décide de ne rien prendre de tout laisser. Les larmes commencent à couler rien qu’à l’idée de quitter Mathieu. 
– Sois plus joyeuse ! Il faut que ça est l’air réel. 
Nous sortons, je croise mes premières d’ateliers, les informe que je pars… et je monte dans cette saloperie de voiture…
Mathieu 
 
C’est le coeur lourd que sur le quais de gare, j’ai dit au revoir à tout le monde. Je suis vite revenu pour être à l’heure pour prendre mon service. Quand j’ai enfilé mon costume de serveur je sais que les choses ne seront plus jamais les mêmes, sans Ben. Je me console à l’idée que je vais retrouver ma Margot d’amour. 
 
Depuis ce matin, c’est un peu la folie au café du Troca, il a fallu calmer monsieur Thomas, qui était furax d’apprendre qu’il manquait un serveur à l’appel. Surtout des jours comme celui-ci, où le service était dense. Il ne va pas tarder à se mettre de quelqu’un pour le remplacer. 
Il y a foule, tout le monde est venu commenter la nouvelle du meurtre de Monsieur Marivaux. J’essaye de garder les traits de mon visage complètement impassible et commenter la nouvelle comme les autres. Personne ne doit rien soupçonner. 
 
Comme prévu, vers neuf heure, je descends et attend Margot. Les minutes passent comme des heures tellement je suis impatient de la retrouver pour tout lui raconter. Lorsqu’elle dévale les escaliers, je suis tel un fou !  Un fou d’amour pour la femme que j’aime. Nous n’avons à peine le temps de nous embrasser que j’entends mon patron qui me cherche. À regret je remonte, et reprend mon travail. Combien j’aimerai rester avec elle, je suis tellement avide de sa bouche que je remarque à peine quand elle me glisse un papier quand je passe près d’elle. Je la regarde s’éloigner et me console en me disant que je vais la revoir à midi. 
 
Je suis surpris et gêné à la fois quand le Duc Jaluzot entre en titubant et s’assoit au comptoir. Il est à peine neuf heure quarante du matin, et il empeste déjà l’alcool. Pauvre Margot ! Quel plait cela doit être de vivre avec un type pareil. Comme pour la consoler, je passe derrière le comptoir et sort le papier de ma poche. Je le déplie et lit : 
Je t’aime Mathieu, je suis tienne à jamais. Ruth. 
Ce nom qu’elle a signé me fait sourire. Je suis interpelé par le Duc qui me hurle et tape sur le bar : 
– A BOIRE ! JE VEUX DU WISKY ! ET QUE CA SAUTE ! POSER MOI VOTRE FEUILLE ET AU BOULOT JEUNE HOMME ! 
 
N’ayant pas le choix, je pose le mot et effectue mon travail, qui est de servir les clients, même les plus ignobles. Le Duc m’arrache le verre, le bois cul-sec et attrape ma feuille : 
– Tiens ! Tiens qu’est ce que nous avons là…Hep ! Pas touche ! J’ai tout le droit, je suis le client. C’est moi qui décide si je te rends ta feuille ou pas. Roooolalallala que c’est mignon cette femme qui t’écrit qu’elle t’aime. 
 
J’ai envie de lui arracher les yeux mais beaucoup de clients nous observent, je ne peux rien dire et parvient à me contenir. Je serre les poings quand il me demande de lui resservir un autre ! Mais, il me demande avant de lui indiquer les toilettes car il a besoin de se vider. Charmant ! Je lui montre du doigt et il me fait savoir qu’il veut que je l’y accompagne. Je ne peux que ressentir un dégoût profondeur ce type sans manières. L’alcool n’excuse pas tout. J’ai beau ne pas bouger mais Monsieur Thomas m’ordonne de le suivre. 
 
Le Duc prend appui sur moi, et on se dirige vers les toilettes. Avec écoeurement, je lui dis : 
– Après vous, monsieur. 
 
Et là, je ne comprends plus rien ! À peine la porte fermée, je m’attends à le voir faire ses besoins, sans transition, il me plaque contre le mur et me mets son bras sous la gorge. Surpris par sa prise, je mets une seconde à réagir. Je tente un coup pour le mettre à terre mais il me maintient fort, le bougre. 
– Si tu bouges, je te tues. 
– Qu’est ce qui vous prend ? 
Il me regarde droit dans les yeux sans sourciller et me demande : 
 – C’est toi qui aime ma femme ? 
– Pardon, monsieur ? 
– C’est toi, l’amant de ma femme ? 
 – Pas tout à fait ! 
– Comment ça, pas tout à fait ? T’es avec elle où pas ? Ne nie pas, je connais par coeur sa foutue écriture et le papier qui vient de son carnet. C’est moi qui passe commande tous les mois pour elle. Alors répond serveur ! Tu l’aimes ou pas ? Parce qu’elle c’est clairement oui ! 
– OUI ! Je suis amoureux de Margot ! Vous allez me faire quoi ? Me tuer ! Me donner à vos amis les allemands, ces fils de chien. Je ne sais pas ce qui me retient de vous cracher à la figure, vendu, traitre, scélérat, fallacieux, hypo…
 
Je suis interrompu par le Duc qui part dans un grand rire, qui me déconcerte complètement… J’ai en face de moi, un homme qui n’a plus rien à voir avec le type bourré que j’étais cense aider aux toilettes : 
– Comment tu t’appelles, petit ? 
– Mathieu. 
– tu travailles pour le compte de quelqu’un Mathieu ? Si tu me mens je le saurai et je te tuerai à mains nues. 
– Non, ça va pas. Je n’ai rien à voir avec vous. 
– D’accord ! C’est elle qui a du te confier qu’elle s’appelle Ruth. Quelqu’un d’autre est au courant ? Ne nies pas, petit ! 
– Personne n’est au courant, il n’y a que moi, je vous le jure ! Vous allez me faire quoi ? 
– Te donner une chance de la retrouver…
– Quoi ? 
– Si tu fais exactement ce que je te dis, tu peux peut-être aller la rejoindre mais il va falloir faire vite. 
– Attendez ! Tout va trop vite ! Qui me dit que ce n’est pas un piège et que l’un de vos hommes va me tuer. 
– C’est un risque à prendre, petit mais tu risques aussi de ne pas m’écouter et de ne plus jamais revoir ta belle. Alors tu décides quoi ? 
 
Il ne me faut pas plus de quinze secondes, pour faire mon choix. Le Duc me demande de jouer le jeux et de lui faire confiance jusqu’au bout. Il fait passer mon bras autour de son cou. Il ouvre la porte. 
Jaluzot fait semblant de s’effondrer, je le retiens de justesse. Il doit absolument commencer une carrière dans le cinema, c’est pas possible. 
Monsieur Thomas nous voit sortir et me demande de le ramener chez lui. Il ne nous faut pas plus de trente secondes pour trouver un chauffeur. Le Duc lui demande de foncer jusqu’au port. Une course contre la montre commence de plus de quarante cinq minutes. Ce qui me permets de constater que j’avais tout faux sur le mari de ma presque amante. Je découvre un homme fort, courageux, extraordinairement drôle qui travaille pour une milice appelé : La Résistance. Il m’explique avec passion qu’ils sont un groupe clandestins français qui travaillent en sous-marin pour libérer la France de l’oppression. L’argent qu’il a, il le mets au service de la liberté
Plus je l’écoute, plus je suis fasciné par le bonhomme. Je me dis que dans d’autres circonstances, nous aurions pu être amis.
 
Nous arrivons à destination, mon sauveur me serre fort la main et me dit de prendre soin de sa femme. Je veux m’en aller mais il m’attrape par la manche pour me dire : 
– Cher Mathieu, tu es tellement pressé de revoir Marg’ que tu as oublié que tu ne peux monter dans le bateau sans tickets.  
– Tu as raison, comment je vais faire ? 
– En arrivant tu vas demander à voir le chef de cabine de la part de Jaluzot. Tu lui murmures le nom de code : PRINTEMPS et il te laissera passer sans poser de questions. C’est l’un de mes hommes. Petit, je suis ravi de t’avoir rencontrer. Bonne chance et vivez ! 
 
C’est le signal, je cours pour rejoindre mon amour. Je me dépêche car le paquebot se mets à faire un grand bruit sourd pour nous avertir qu’il va bientôt partir. 
Je suis à la lettre les instructions du Duc.
On me laisse passer et m’indique le petit ponton. 
J’arrive. 
Je la reconnais de dos. 
J’ai mon coeur qui va exploser d’impatience et d’amour pour elle. 
Je n’ai même plus conscience de là où je vais, que je quitte Paris, la France, les Weil, papa, Justin. Je suis concentré seulement à passer mes mains sur ses yeux. 
Elle sursaute. 
Se retourne. 
Elle n’arrive pas à croire que c’est bien moi, que je suis là avec elle.
Moi non plus, je n’y crois pas. 
Je l’attrape, plonge mes mains dans ses cheveux pour l’embrasser comme jamais et cela pendant des heures sans reprendre notre souffle car nous nous dirigeons enfin vers la liberté de nous aimer au grand jour ! 
 
Et c’est ainsi que notre nouvelle vie démarra aux Etats-Unis sous le nom de Monsieur et Madame Blum…
 
L’épilogue arrive demain. 
Le chapitre Bonus la semaine prochaine ! 
 Chapitre 9 : L’heure de vérité a sonné… Chapitre 9 : L’heure de vérité a sonné…
 Chapitre 9 : L’heure de vérité a sonné… Chapitre 9 : L’heure de vérité a sonné…

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